Quelques réalisations
Ce dont je me souviens de la
vie
de François Laurenty
« Faut-il rester là le plus longtemps possible ? Vieillir nous incite à réfléchir à nos conditions de logement, à l’accès aux soins et aux loisirs culturels. Pourrons-nous toujours conduire un véhicule, ou devons-nous penser à vivre là où la voiture n’est plus nécessaire, c’est-à-dire dans une grosse agglomération ? Il n’est pas toujours facile d’anticiper. D’autant que l’on est rarement tout à fait lucide sur soi-même. Sommes-nous moins indépendants que nous ne le pensons ? Je ne sais pas.
On peut considérer que nous sommes à la fois loin de nos origines nordiques et loin de nos enfants et petits-enfants. Mais la France n’est pas si grande. Et des parents grands-parents n’ont pas à suivre leurs descendants, auquel cas ils risquent de trop peser sur eux.
Et puis, nous avons construit pas mal de choses ici – des maisons, des amitiés, des souvenirs –, certains de nos engagements passés demeurent plus ou moins, nous avons des repères, des lieux, des lumières et des amis que nous aimons. De toute façon, il faut bien vivre quelque part, si possible en bonne harmonie avec nous-mêmes et les autres. “Il faut te suivre…”, dit Marie-Édith ».
Dans ce récit, François Laurenty revient sur son parcours et sur ses origines familiales. Un récit riche en actes et en réflexions, qui montre les différentes facettes d’une existence et prouve une fois de plus que la vie de chacun nous concerne tous, car nous ne sommes rien les uns sans les autres.
Le roman d’une belle vie
de Viviane
Ferrand
« Viviane se présenta au chef de subdivision, au chef du village et à son griot, qui commença à faire l’éloge de la Blanche qui venait sauver les enfants. Il fallut un petit cadeau pour le faire taire. La vaccination se passa dans la confusion. Certains enfants se sauvaient, quelques-uns pleuraient, d’autres faisaient les fiérots. Pesées et mensurations, au contraire, les amusèrent beaucoup. Quelques malins voulaient passer deux fois, car beaucoup avaient le même nom, sans être parents. La journée fut longue, avec petite pluie, chaleur, moustiques, bruits. Ânes, zébus et dromadaires défilaient en troupeaux sur la route. Les pasteurs les emmenaient au marché de la ville du Soudan français le plus proche. L’odeur donnait la nausée, le bruit était insupportable. Le groupe et l’instituteur étaient exténués. La nuit venait et la case de passage était loin de l’école »…
Devenue infirmière sanitaire coloniale après la guerre vécue à Bordeaux et alentour, Viviane Ferrand est partie exercer son métier au Niger, en Indochine, au Congo, puis au Tchad. À ces riches expériences humaines, elle a ajouté de nombreux voyages en diverses régions du monde.
Son récit, passionnant et rythmé, retrace aussi bien les années professionnelles que les événements familiaux. On découvre ainsi d’autres personnages – notamment Sarah, Élise, Louis, Nicole, Pénélope, Raphaël et Romane – autour d’une héroïne qui a su prendre son destin en main et construire une « belle vie » qu’elle nous transmet par ce livre.
Quarante ans d’expérience auprès des bébés
animaux
de Gisèle Marjarie
« Avec ces récits, j’ai voulu partager 40 ans d’expérience originale, notamment pour les jeunes qui sont passionnés par les animaux. Cette passion ne m’a pas quittée.
Mon métier de soigneur, exercé à la ménagerie du Muséum d'histoire naturelle de Paris, auprès des mammifères et des oiseaux, m'a permis de développer mon sens de l'observation, ainsi que la
rapidité de mouvements lors de la capture d'animaux au filet.
J'ai appris à rester calme en nettoyant une cage avec l'animal à l'intérieur, parvenant à faire mon travail sans avoir peur et sans l'effrayer. J'ai aussi appris la patience, et il en fallait
pour nourrir inlassablement, jour après jour pendant des années, tous ces bébés animaux qui dépendaient de moi pour leur survie.
Mon métier m'a donc beaucoup changée. Ma carrière restera inoubliable. Elle aura été fructueuse et enrichie de beaucoup de découvertes. Tous ces élevages nous ont donné autant de joie que de
savoir, à ma famille et à moi-même ».
Dans ce recueil, Gisèle Marjarie, « la nounou du Jardin des Plantes », nous présente Kinou le bébé singe, Fréda le tigre de Sibérie, Titi le galago, Négrita la chouette cactus, et beaucoup d’autres encore, qu’elle a sauvés, soignés, rendus autonomes. Ces animaux ont été pour la plupart élevés à domicile, en famille, et ces conditions exceptionnelles donnent toute sa saveur à ce livre, enrichi de 55 photos originales.
Forger son destin - Histoire
de Jacques Sanz et de sa famille
Colette Sanz
« Le cheminement en Espagne et en France de la famille de mon époux, Jacques Sanz, m’a paru extraordinaire et surtout je tenais à recopier le texte manuscrit laissé par Jacques qui racontait
son périple traversant les Pyrénées à pied en 1947.
Après de longues recherches, j’ai retrouvé les différents fils de cette famille de forgerons et j’ai déroulé leur histoire jusqu’à ce jour.
Pour achever cette présentation, je dirai que je serai récompensée si la vie des familles rassemblées dans ce livre trouve un écho chez leurs descendants. J’espère qu’ils se rendront compte que
leur histoire a de l’intérêt, qu’elle est digne. Pour moi, cette prise de conscience sera porteuse d’espérance pour l’avenir ».
Colette Sanz retrace dans ce livre l’histoire de sa famille élargie, plus particulièrement celle de son époux, Jacques Sanz, venu d’Espagne par la montagne avec sa mère alors qu’il n’était qu’un enfant, pour fuir le franquisme, la pauvreté, et rejoindre le père réfugié à Bègles, près de Bordeaux. Le récit nous emmène de part et d’autre des Pyrénées, et c’est avec intérêt que nous découvrons un parcours original et courageux.
Des ronces et des mûres
de Alain
Bouillaguet
« Moi qui peins des tableaux depuis des années, j'ai découvert dans ce travail une autre manière de montrer la réalité. Là, mon sujet était assez vaste, puisqu'il s'agissait d'une vie entière. C'est donc plutôt une fresque que j'ai tentée avec les mots. Il fallait prendre du recul pour avoir la vue d'ensemble et équilibrer la composition, tout en travaillant avec précision chaque détail afin qu'il soit juste.
Être juste, c'est ce que j'ai souhaité. Ma vie n'est ni bonne ni mauvaise, elle est ce qu'elle est. J'ai essayé de la restituer au mieux, avec sincérité, car je suis l'ennemi des menteurs et
des tricheurs. Et je ne changerai pas malgré les vicissitudes de l'existence. Il y a une expression dont j'ai horreur : “Je vais vous dire ma vérité”. Comme si la vérité était multiple, comme si
chacun pouvait en avoir une différente des autres ! »
De l'enfant de Saint-Bonnet-la-Rivière, ayant grandi au sein d'une famille aimante, à l'adulte de Brive-la-Gaillarde marqué par les joies et les peines, Alain Bouillaguet nous
fait ici partager son parcours riche de souvenirs et d'anecdotes, qu'il conjugue tantôt avec humour tantôt avec humeur.
Pour cueillir les mûres, on doit passer par les ronces.
Pas de bla-bla, des
résultats
de Robert Bredèche - 60 années d’engagement municipal
« Si tout va bien jusque-là, je passerai la main en 2020. À 84 ans, il sera temps. On m’appelle parfois « le grand » et même « Monsieur le sénateur ». C’est respectueux, mais cette fois je dois m’arrêter. J’aurai un ou une successeur(e). Mais ne sera-t-il ou ne sera-t-elle pas le dernier maire de Lignareix ?
Il me semble en effet que le développement de l’intercommunalité conduit à la disparition des petites communes. Il est vrai que la France compte 35 000 communes et qu’elle est une exception en Europe. Un village n’est peut-être plus une échelle pertinente pour réaliser des travaux et proposer des services. Car il faut des moyens. Et une commune dépeuplée, sans activité économique sur son territoire, n’a pas de moyens. Les petites communes, c’est ingérable maintenant.
Je vois quand même deux problèmes, ou deux dangers si nous disparaissons. D’abord, les habitants n’auront plus ce lieu de proximité où ils se rendaient pour demander quelque chose et rencontrer un interlocuteur public. Ensuite, on privera des milliers de citoyens d’une possibilité de participation à la vie publique, ce qui peut être dommageable pour la démocratie. Je ne veux pas entrer dans de grandes considérations, ce n’est pas mon genre. Mais mon expérience me montre que les « petits maires » avaient, et peut-être ont encore, leur rôle à jouer ».
Robert Bredèche, né en 1936, s’est présenté pour la première fois aux élections municipales de son village en 1959. Il a été élu en 1965, est devenu adjoint en 1977, maire en
1987, fonction qu’il occupe depuis 32 ans, car il fut sans cesse réélu.
Son expérience est donc unique en France. À travers son parcours, on découvre le rôle que jouent les élus de terrain pour l’aménagement de leur territoire et la prise en charge des besoins de
leurs administrés. On croise également dans ces pages un bienfaiteur de la Haute Corrèze nommé Jacques Chirac. Ce témoignage positif redonne foi en la démocratie.
Presqu’un siècle à Argentat
de Yvette Mespoulet -
Récit autobiographique
« … Je n’ai guère de souvenirs avant l’âge de 5 ans, mais je sais que je me suis toujours sentie bien dans cette maison. Ma tante Clémence, femme bien en chair, rassurante, était d’une grande gentillesse avec moi. Pendant 6 ans, elle m’a gâtée, choyée, me faisant oublier le départ de ma mère, qu’elle a remplacée de la plus belle des manières. Mon oncle Li avait son commerce de vin en Belgique et s’occupait de trois vaches dans son étable à Argentat. C’était un homme calme, qui ne parlait pas pour ne rien dire, et qui aimait, le soir après sa journée de travail, lire son journal, tranquille dans son fauteuil en rotin dont il tirait la partie inférieure pour allonger ses jambes.
J’avais ma chambre, des poupées, l’attention et l’affection dont j’avais besoin. Nous menions une vie simple et heureuse, rythmée par les repas… ».
Yvette Mespoulet, née Chassagne en 1927, a toujours vécu à Argentat, si l’on excepte 6 mois après-guerre en Belgique, territoire investi par les marchands de vin de la ville. À
la demande de son fils, elle raconte ici, avec la modestie qui la caractérise, l’histoire de sa famille, à laquelle elle a grandement contribué.
Un même soleil pour deux
pays
de Hayarpi Saint-Jal Hovhannisyan
« Dans les années 1980, l’Arménie était encore sous domination soviétique. On peut voir, non sans raisons, cette époque comme une période noire. Certes, il fallait réserver chaque sou
aux besoins de base, que nous avions parfois du mal à satisfaire, en termes d’habillement notamment. Mais je dois dire qu’en Arménie les magasins étaient à peu près achalandés. De plus,
l’éducation scolaire était gratuite, d’une qualité correcte, et il y avait du travail pour tous. Certes, le pays manquait de gaieté, tout le monde était habillé de noir. La fête du travail était
le seul moment où les gens faisaient la fête, dansaient, chantaient, riaient. Avant de retourner sans plaisir à leurs occupations répétitives ».
Hayarpi Saint-Jal Hovhannisyan, née en 1982 dans la capitale arménienne, a quitté son pays une première fois en 2002 pour les États-Unis, une deuxième fois en 2004 pour la
France. C’est dans ce dernier pays qu’elle a rencontré celui qui est devenu son mari et avec qui elle a aujourd’hui deux enfants.
En racontant son histoire dans ce livre, elle nous offre un voyage passionnant d’une culture à une autre et nous permet de participer un peu à sa belle aventure.
« Je serai heureuse si ce livre peut aider certaines filles à briser leurs chaînes et à sortir des routes qu’on avait tracées pour elles. Qu’elles sachent que l’on peut s’émanciper. Chaque
expérience est unique. La mienne n’est pas un modèle, mais elle peut être une stimulation pour aider celles qui le souhaitent à trouver leur voie et à prendre leur vie en mains
».
La terre du plateau
de René
Bordes
« La vie n’a pas été facile, pas toujours été drôle, mais il y a eu de bons moments et j’ai la chance d’être très bien entouré. Et puis j’ai aimé mon travail et j’ai aimé la terre où le
hasard m’avait fait naître. On ne restait pas au lit le matin, il fallait sortir, même si nous nous étions couchés tard. Peut-être que le secret du bien-être est celui-là : aimer ce que
l’on fait là où on le fait. Savoir se contenter de ce que l’on a. Nous avions peu, mais cela nous suffisait. Parfois, quand nous étions en visite chez des voisins, on me donnait un sucre
: eh bien c’était un délicieux goûter. Quant au morceau de pain que nous accordait le sacristain les jours de messe, il était aussi bon qu’une vraie brioche. Et la chose la plus
indispensable à un repas pour moi, c’est la soupe ».
Né en 1929 au Vauret, commune de Mercoeur en Corrèze, René Bordes a parcouru et travaillé la terre de Xaintrie pendant plus de 60 ans. Dans ce récit, il nous montre ce qu’était
l’existence d’un paysan dans le Sud-Ouest de la France au XXe siècle. Aujourd’hui installé à Argentat, il coule des jours paisibles avec la compagne qui partage sa vie.
Georges Bonnac (1903 –
1945)
de Gilberte Bonnac-Lasserre
« Vous appartenez à ma famille ;
… Au camarade résistant absent ;
… Il est aujourd’hui parmi nous ;
… Pour vous, je serai un frère, et une seconde famille, comme je l’étais pour lui ;
… L’amitié que j’avais pour Georges vous est acquise et au-delà à vous et Gilberte ;
… Continuer comme nous le faisons, c’est chaque jour penser à Georges ;
… Georges Bonnac, mon ami Mort pour la France ;
… Grâce à lui, nous sommes là, nous n’oublierons pas pourquoi il est mort et son sacrifice ne sera pas vain ;
… Georges Bonnac (Canevas, Brasseur, Bourgeois, Bernadet) fut une des plus grandes et plus nobles figures de la résistance bordelaise et girondine ».
Par-delà les hommages, j’ai voulu savoir ce qu’avait accompli celui qui était mon père. Il est bien tard, certes, et je n’ai disposé d’aucun témoignage direct pour raconter ses
actions. Néanmoins, en rassemblant mes souvenirs et en consultant ce que j’ai trouvé sur le sujet, j’ai pu retracer les grandes lignes de son parcours de syndicaliste et de résistant ; en
rappelant aussi quel homme bon il était dans la vie et quelles valeurs il m’a transmises.
Gilberte Bonnac-Lasserre, fille de Georges Bonnac.
Vivre et travailler au pays
de Bernadette
Mompéchin
« … Je tiens à rappeler que l’enfant de la vallée de la Dordogne que je suis a pu continuer à aimer la nature, comme au temps de ses jeunes années. Ma rencontre avec André m’a permis de vivre
heureuse à la campagne, d’autant plus que nos enfants et petits-enfants ne sont pas loin de nous. Ma vocation d’institutrice a pu se concrétiser, et même se prolonger avec la ferme pédagogique.
Ainsi, j’ai eu la chance d’évoluer en accord avec mes désirs et affinités. Si les lecteurs trouvent dans ces pages l’authenticité d’un récit, des sensibilités à partager, des raisons d’aimer la
campagne, et pourquoi pas d’y vivre, j’en serai très heureuse. » Ce livre passe en revue un siècle d’évolutions au sein d’une famille du Sud de la Corrèze, aux confins du Lot et du Cantal. De la
Première Guerre mondiale aux XXIe siècle, des boeufs de labour aux puissants chevaux vapeur, de Bassignac-le-Bas à Camps-Saint-Mathurin en passant par Beaulieu et Argentat, 4 et même 5
générations se succèdent au fil de ces pages aussi intéressantes qu’instructives. Où l’on apprend que « vivre et travailler au pays » est une chance qui doit beaucoup à la persévérance, et un
bonheur qui se mérite. Bernadette Mompéchin, enseignante en retraite, exploitante avec son mari et son fils de la ferme pédagogique de La Bitarelle, est au coeur de cette histoire qu’elle raconte
avec autant de précisions que de convictions.
Des mots pour le dire
Paroles d’Anciens du canton de La Roche-Canillac
« Ces hauteurs sur la vallée du Doustre, cette pureté austère, ces murs de granit, ils ont forgé des natures généreuses, des caractères solides. Ils ont favorisé des modes de vie propices à
l’équilibre. L’équilibre, c’est à la fois la joie de vivre et la force. Oui, ils sont forts ces aînés du canton de La Roche-Canillac. Non seulement ils ont pour la plupart une bonne résistance
physique, mais en plus ils ont de la malice, du bon sens, de l’enthousiasme, de la générosité. Et l’âge ? Le temps qui passe, s’il abîme les corps, semble bonifier les esprits. Il donne plus de
légèreté, d’intelligence, de charme. Tous ont des soucis liés à la santé qui faiblit : difficultés de se déplacer, douleurs, baisse de la vue et de l’audition, organes défectueux. Chacun a sa
croix, plus ou moins lourde. Pourtant, ils ne se plaignent pas. Au contraire, ils sourient. Ils savent apprécier un mot, une rencontre, une histoire, une après-midi. » Ce recueil de mémoires est
issu d’un travail en ateliers effectué à Espagnac et Marcillac-la-Croisille au cours de l’année 2009, initié par Jean-Louis Bachellerie, maire de Marcillac et conseiller général du canton de La
Roche-Canillac, à la suite d’un appel à projet proposé par le Conseil Général de la Corrèze. « Antoine : c’est vite passé une vie d’homme… – Oh là ! dit Jean. – Eh oui, dit Fernand
».
Pourquoi ils ont tué tonton
Jérôme
de Pascal Relet
« 12 novembre 1975 : notre fils cadet Anthony, âgé de 5 ans, meurt dans des conditions dramatiques et incompréhensibles.
17 septembre 1976 : notre fils Jérôme naît à Paimbœuf ; il est pour nous la réincarnation de son frère disparu, le moyen de continuer à vivre.
22 décembre 2006 : à 21 heures 05, le téléphone sonne alors que nous gardons deux de nos petites-filles. La femme de Jérôme nous annonce que notre fils est mort, tué dans un accident, alors qu’il
allait la chercher à son travail.
Ce nouveau drame annonçait de longs et douloureux lendemains. Nous ne savions pas à quel point… »
C’est un témoignage aussi éclairant que bouleversant que livre ici Pascal Relet, père de Jérôme et Anthony. Une plongée sidérante au cœur de la délinquance routière banalisée, entérinée,
acceptée. Quand le mépris remplace le soutien, et que le coupable bénéficie de plus d’égards que la victime. Ça se passe ici et aujourd’hui.
« Nos larmes coulent chaque soir au crépuscule, à l’abri des regards, dans le silence froid et pesant que nous partageons avec nos fils Jérôme et Anthony, tous deux réunis à jamais, là-bas, au
bout de l’allée des ifs ».
Pascal et Colette.
Déporté à Mauthausen
de Roger
Gouffault
… Les deux parties principales de ce livre sont consacrées l’une au camp principal de Mauthausen, en Autriche, où je suis resté entre la fin août et la fin décembre 1943, l’autre au camp
satellite d’Ebensee, où je fus envoyé en janvier 1944 et libéré en mai 1945. Je rappelle auparavant dans quelles conditions j’ai grandi, et comment, parce que mon père est mort des suites de la
guerre de 1914-1918 et que ma mère, mon frère et moi avons dû affronter la misère pendant les années 1930, se sont forgés ma conscience et mon caractère. J’évoque aussi mon action de résistance
dès l’arrivée des Allemands à Paris, puis les méthodes et les geôles de la police française sous l’Occupation. Après les deux grands chapitres consacrés à la déportation, je montre les
difficultés du retour en France, et notamment l’incrédulité que l’on nous opposait dans la France des années 1940 et 1950 quand nous voulions raconter ce que nous avions vécu. Je termine ce livre
par mon action pour la mémoire de la déportation, entreprise dès après-guerre, intensifiée à partir de 1955 et jamais arrêtée depuis… Après son premier livre Quand l’homme sera-t-il humain ?,
Roger Gouffault revient ici en détails sur son enfer concentrationnaire, au moment où sort un film qui retrace le parcours de celui qui fut pour les Allemands le matricule 34534 et pour ses
codétenus « le petit Roger ».
Postures entre 4 murs
de Hélène
Davin-Gory
« … chacun peut profiter des épreuves que la vie lui impose pour se délester de ce qui le gêne et revenir à l’essentiel. Il me semble en outre que ce livre peut contribuer à changer le regard que
les gens ont, dans leur grande majorité, sur la prison. Quand j’accueille dans mon cours ces « voyous », ces « criminels », ces « délinquants », je tombe la plupart du temps sur des individus en
grande souffrance. Qui n’ont souvent pas conscience qu’ils peuvent faire quelque chose sur eux-mêmes, prendre du recul par rapport à leur parcours et à leur comportement. Or, j’ai vu au cours de
ces années la faculté de transformation des hommes à partir du moment où l’on s’intéresse à eux. Quand on peut poser les problèmes, parler, suivre, accompagner, les progrès sont formidables ».
Cela fait trente ans qu’Hélène Davin-Gory enseigne le yoga, vingt-deux ans qu’elle l’enseigne en prison. Son expérience du « dedans » et du « dehors », comme on dit derrière les barreaux, est
unique. Son témoignage est d’autant plus intéressant qu’elle l’assortit de fortes références spirituelles d’une part, de nombreuses paroles de détenus d’autre part. Ceux qui liront cet ouvrage
apprendront beaucoup sur le yoga, beaucoup sur la prison, et beaucoup sur leurs propres capacités de transformation.
Je n'ai pas tout oublié
de Marie-Thérèse
Petit
« À 5 ans, comme toutes les petites filles, je voulais me marier avec Papa. Papa, Yvon Chivot, c'était l'homme parfait. Il était grand, beau, avec le teint halé, des cheveux noirs, très frisés, des yeux marron comme les miens. Et, surtout, il avait une « dent en or ». Je lui demandais parfois de me la montrer en ouvrant la bouche. Une « dent en or », c'était pour moi un bonbon éternel ; sans doute lui conférais-je un pouvoir surnaturel. Papa était mécanicien à la SNCF (créée en 1938). Il conduisait de grosses machines à vapeur, d'abord au charbon puis au fioul. Il était donc souvent en déplacement et avait des horaires irréguliers : il dormait parfois le jour et travaillait la nuit. Il nous arrivait de ne pas le voir pendant une semaine entière. Il lui arrivait aussi de passer un dimanche avec nous ».
Marie-Thérèse Petit n’a pas tout oublié, en effet, et c’est heureux. Grâce à ses souvenirs et à ses recherches, on découvre les portraits justes et attachants des différents
membres de sa famille, qui forment une galerie intéressante de personnages aux prises avec leur époque et les circonstances de leur vie. De Trappes, dont on revit le terrible bombardement du 6
mars 1944, jusqu’à Laguenne, en passant par Versailles et Ornon, on se promène sur plus de huit décennies pour, au final, partager un peu de la vie d’une femme comme beaucoup d’autres mais à
nulle autre pareille.